mercredi 25 mars 2009

JDR - Je Deviens Ridicule ou Je Développe du Recul ?

Le jeu de rôle c'est sympa : on se transporte dans un nouveau monde, on se fait des copains, on découvre que ses amis de la réalité ont parfois des réactions bizarre en entrant dans une autre dimension, tel le canibalisme, la débilité, l'amour des fleurs...
Mais quand nous décidons d'entrer dans cette autre univers et de nous isoler durant deux heures, ce n'est pas sans déclencher quelques véléités de la part de certains. Pourtant nous faisons le choix de nous abandonner a la non-violence, d'aborder nos dissentions sur le papier, et d'assouvir notre avidité dans le comptage de pièces d'or ! Quoi de plus sain ?

D'ailleurs généralement ceux qui ne jouaient pas avec nous s'excitent comme des fous sur PES5, deviennent belliqueux et abordent le sujet délicat des liens maternels...



C'est cet article du Monde qui me fait dire que ça serait tellement kiffant de pouvoir commencer ce type d'aventures dès le plus jeune âge... Adieu les classes de Perf au lycée Jean Jaurès de Malakoff City et les batailles rangées, vive les bastons avec les dés.

vendredi 20 mars 2009

Que les parents du petit Pierre se rassurent...

La colonie de vacance a prévu des petits pots compote pour bébé afin de satisfaire les besoins de ses pensionnaires malades...


Il est plus là ?!


Ah si ! N'a tout mangé sa compote...

Baromètre mensuel de la vie stanbouliotte

Bien le bonjour à vous,

Alors plusieurs niouz en vrac, histoire de faire dans le concis, le synthétique, et l'efficace.

Alors que nous divaguions Florian, sa copine et moi-même à Sultanhamet, quartier historique d'Istanbul, je me suis trouvé en panne de filtres pour me rouler une cigarette bien méritée. Je tourne la tête sur ma droite, et mes yeux se posent de manière inesperée sur une jeune demoiselle en train justement de rouler un fagot avec des filtres bien ronds, bien beaux. Que cela ne tienne, je me rue sur ses yeux hors-du-commun, manque de lui demander un rancard au lieu des filtres, mais je parviens à mes fins sans emcombres. Je fus aux anges d'entendre son amie Lina me demander si je connaissais un peu le coin, elles débarquaient à l'instant de l'aéroport et resteraient 5 jours à Istanbul le temps d'un colloque auquel elles assisteraient, elles et leurs 4 amies.

Après échange de formalités, je lache mon numéro, cigarette et sourir à la bouche. Ces copains inattendus, ils viendront passer quelques temps chez moi, pour y signer de bons moments, il faut bien le dire.



Après ma mamounette et ma ch'tite soeur en embuscade, avec qui il faut le dire, j'ai passé un très bon moment, Pierre, aka Pedrito, aka El mas lindo del mundo, aka Guitar Hero, est venu se perdre pour les deux semaines à venir dans mon humble cité européo-asiatique, histoire de se changer les idées et de trouver autre chose que de la neige dans les esprits des passants.

Arrivé il y a deux jours, on a eu le temps de bien visiter les environs, de tester quelques bons petits bars et restos, de se gratter les testicules devant un bon plateau TV à base de pizzas et de bières. Pour bien commencer son séjour, on avait prévu de décoller ce matin pour la Grèce, direction Xanthi où habite une amie de mon colloque et qui sympa comme elle est avait acceptée de nous héberger les 4 prochains jours.

Oui mais voilà, à force de tirer sur les White Russians et de goûter aux délices turcs en un seul jour (ce qui à moi m'a valu un mois et demi d'estomac douloureux), le petit Pedrito s'est levé avec un mal de crâne et de bide, suffisamment prononcés pour nous empêcher de décoller à l'heure prévue... on remet ça à demain, hopefully we be ready.



Aujourd'hui au moins le soleil brille, hier il a neigé, il faisait 2°C... East-en-boule en hiver, à éviter.

Je profite du talent de mon colloque Flo pour vous montrer quelques clichés sympas qu'il a pris récemment. Du coup j'en profite aussi pour développer autant que possible mes aptitudes à la photographie, je trouve ça bien sympa comme hobby.


Mon colloque Marc et moi... on se comprend bien.


Pause sur le toit de l'appart.

Bise à tous.

lundi 16 mars 2009

Au-delà de la géopolitique médiatique : le Proche-Orient version 'Do It Yourself'

Tout d'abord, merci pour vos encouragements, cela me motive vraiment à poursuivre mon récit. C'est un travaille de fond qui prend du temps, certes pas autant que pour rédiger une revue de concert avec interview des artistes à traduire en deux langues et traitement des photos, mais tout de même. Mon frère et Valentina ont en tout cas recoupé mes informations, donc je suis rassuré sur le plan de la véracité des faits que je relate ; l'aspect subjectif de mon récit qui peut apparaitre à quelques endroits est également en grande partie le leur. Bref ce que je raconte à l'air consensuel pour tout ceux qui étaient avec moi.

Et puis je me motive aujourd'hui lundi pour boucler cet article, car demain le gros Pedrito vient de Norvège pour me rendre visite durant 2 semaines, avec au programme départ pour la Grèce chez une amie de mon colloque, on va aller se dégourdir les jambes sur la plage pour 4 ou 5 jours. Finir ce paragraphe m'a pris environ une demi-heure, c'était en effet sans compter le bavardage sans fin de mes deux autres colloques, des vraies pies allemandes...
Cette fois-ci c'est bon, je m'y met.

Partie 4 - Naplouse


Back to Jénine donc. Après avoir fait un dernier saut par le centre de fabrication de prothèses du camp, le seul de la région Nord de la Cisjordanie, on se dirige vers la navette qui nous ramenera à Fara'a pour une dernière nuit. Nous repassons ainsi devant l'oeuvre d'un artiste européen venu après l'offensive, et qui eût l'idée de créer, à partir de la feraille restante d'une ambulance détruite par l'IDF, une sculpture aux allures de cheval de Troies. Regards intrigués jetés sur l'objet, puis nos regards noirs et inquiets se croisent, intercompréhension, silence.



Brèves explications par notre guide du moment, le contact d'Abu Jamil. Il n'avait pas besoin de préciser que le véhicule était plein quand il a été détruit. Je me passe une main nerveuse dans les cheuveux, que je laisse plaquée sur l'arrière de mon crâne, tendu.
Arrivé au centre-ville, il reste un peu de temps avant que la prochaine navette parte, nous prenons donc le temps d'un café sur une terrasse surplombant la place principale.



J'en profite pour m'acheter des oranges, ma nourriture favorite du moment, un kilo pour 1 shekel. Quatre jours plus tard on me proposera une orange pour 10 shekels à Jérusalem, mouahaha !

De retour à Fara'a, on plus besoin que jamais du lecteur mp3, mais ne pouvant satisfaire toutes les oreilles en même temps, Polo fait péter le haut-parleur (et la batterie) de son poPod avec un bon son de Tom Waits, et on se recentre sur une partie de 51, jeu de carte local qui ma foi n'est pas déplaisant. On se pète le bide avec un bon plat, puis on s'écrase jusqu'au lendemain matin 9h, heure convenue pour le départ vers Naplouse.
Les sacs de couchage sont repliés, ficelés, rangés dans les sacs à dos, le temps d'enfiler nos pompes et nous sommes dehors. Nous attendons la navette 5mn dans un coin de poussière, le temps de prendre en photo les quelques peintures que j'avais remarqué dans le local du Comité populaire. Peintures d'un martyr, abattu à l'étranger il y a peu d'années par le Mossad. Vous pouvez les voir ici et .

Après avoir encore risqué notre vie 153 fois pour pouvoir vous compter davantage, nous arrivons à Naplouse. La ville est dans une mini-vallée, les maisons s'étendant jusque sur les hauteurs et ailleurs. Les bâtiments se portent plutôt bien, vu que les incursions se font rares dans la ville, et que les abris de fortunes sont fait de parpaings pour la plupart : une couleur blanche domine largement le paysage, et quelques belles bâtisses se paient le luxe d'un oranger, ce qui donne un peut de gaité au décor.



Nous commençons la journée par le centre de jeunesse et d'initiatives culturelle de la ville, où l'on parle français et où Valentina a déjà travaillé les années auparavant. On peut donc laisser les sac à dos dans un coin, puis après le mot de bienvenue du directeur qui nous présente sa troupe de danse à la renommée européenne (tu m'étonnes avec les nénettes qui l'entourent...), on part en taco pour le centre culturel français. Là on a rien appris, si ce n'est qu'ils ont du fric pour se payer une bâtisse du début du siècle avec fioritures au plafond, internet (Polo fut le premier à le repérer et à l'utiliser), et de nombreuses salles de classe en rénovation, mais aussi pour engager une stagiaire pour 6 mois, qui sert le café et qui tient la causette. Bref on ne reste pas longtemps, et on frappe à la porte d'à côté pour entrer dans les locaux de l'organisation "Project Hope".

Fondée en 2003 par un collectif qui souhaitait plus ou moins la même chose que The Freedom Theater à Jénine, elle accueille environ 12 volontaires internationaux qui souhaitent filer un coup de main à la population et spécialement aux jeunes à travers des cours d'anglais, de français, de danse, de théâtre... On a ainsi pu rencontrer des canadiens, des amerloques, des coréens, et des français bien sûr, travaillant sur le terrain, flanqués de leur magnifique jacket estampillée. Dont un qui a bien voulu nous en dire plus sur les conditions de son stage de 4 mois. Outre le manque de confort quotidien et sa colloque à 13 qui commence à lui taper sur les nerfs, il nous parle de son taf, régulier, du manque de mobilité (il n'y a pas de voiture à dispo), de bars, mais surtout de demoiselle avec qui passer un moment sympa dans un bar de la ville.


Pas possible de draguer ? Mange du fallafel avec tes potes !

Lui qui fréquente les salles de muscu a pu constater (avec frissons estampillés XY), que les hommes souffrent moralement de ne pouvoir entretenir une conversation, ou même flirter de temps en temps. Nada, queudal. Si l'on embrasse une demoiselle, c'est pour la marier. Ainsi la plupart de ses amis palestiniens travaillant avec lui sont encore puceaux à plus de trente ans, et peuvent rester assis à la terrasse d'un café plusieures heures durant à regarer passer la gente féminine. Avec ses cheuveux longs, il comprit rapidement que l'homosexualité de quelques uns de son entourage n'était pas qu'une supposition. Et si en plus la stagiaire du centre culturel français est fiancée, ben quatre mois ça fait long. Le bonhomme a aussi raconté à mon frère qu'il a eu le cran d'aller dans un tunnel clandestin entre Gaza et la l'Egypte prendre quelques photos, dont certaines auraient valu publication sur quelques bons sites internationaux. Mais bon, j'y crois à moitié. Pendant ce temps je discutais du programme des jours prochains avec Valentina : on venait de nous proposer un bon repas collectif, qui se tiendrait le soir même comme tous les premiers lundis du mois, et qui serait bien sûr une bonne occasion de discuter plus longuement avec le staff qui a l'air sympathique. Mais après réflexions et magnanimité (toi-même tu sais), nous décidons de nous rabattre sur Ramallah avant la tombée de la nuit, comme il était prévu au départ.

Le cousin de Tarek débarque, et après avoir échappé à une demi-douzaine d'étudiants en français qui souhaitaient exercer leur aptitudes auprès de trois touristes francophones que nous étions, on se met en marche pour une visite de la vieille ville qui arbore une architecture arabe bien préservée, typique, agréable à découvrir.



On a même mis les pieds dans un bain turc vieux de 2300 ans... diiiingue. Peut-être notre seul arrêt qui figurait dans le Lonely Planet ! Ca changera rapidement en Israël...
Bref on se gave de pâtisseries particulièrement pesantes, pendant que Polo s'évade pour acheter un Milk-shake qui lui faisait de l'oeil dans une vitrine. D'ailleurs j'ai couru pour m'acheter le même, voyez plutôt : une dose de fruits frais dont fraises, fruits rouges, banane, pomme, professionnellement mixés à la main (bon ok, ils auraient pu le faire avec les pieds), dose de lait et de cacahuètes récemment ecrasées avec amour. Une demi rondelle de kiwi au sommet... de quoi vous faire pleurer un homme...

Je saute dans le taco, embrasse le cousin de Tarek en lui recommandant une dernière fois de m'appeler avant de venir en France, nous passons prendre nos sacs et succombons au savon d'huile écolo-fairtrado-équitable, avant d'embarquer pour la navette qui devait nous déposer à Ramallah deux heures plus tard.

Naplouse est donc une ville calme et presque charmante en apparences, et ne fut pas le théâtre d'affrontements récurrents entre Palestiniens et Israéliens. Toutefois, lors des premiers bombardements sur Gaza, des manifestations ont été organisées en soutien à la population gazouie, rassemblant quelques 2000 personnes, ce qui ne fait pas énorme par rapport à 300 000 habitants, mais bon.




Pour plus d'informations : la page de Project Hope.

lundi 9 mars 2009

Au-delà de la géopolitique médiatique : le Proche-Orient version 'Do It Yourself'

Partie 3 : Au coeur de la résistance. Al-Fara'a refugee camp & Jénine.

Ces premiers jours en Israël
passés dans la ville Sainte sont passés bien vite, mais il a fallu filé droit sur Fara'a où la famille de Tarek nous attendait depuis un bout de temps. Valentina y était allé deux jours auparavant en reconnaissance, elle n'avait pas pu rentrer le soir même (ce qui n'a pas manqué de bien nous faire flipper) car les autorités israéliennes avaient fermé les check-point et coupé les réseaux téléphoniques. Autant dire qu'en montant dans le bus 9 places Volkswagen jaune, on était bien dans l'ambiance.

Premier voyage, premiers contacts avec la réalité de la séparation physique de deux peuples ennemis : on longe le mur de 8m de haut (deux fois plus que celui de Berlin) sur 200m (sur les 700km au total), on passe le check-point principal (deux fois deux voies et deux miradors) et on commence à rouler vers Ramallah où nous changeons de navette une première fois, puis une deuxième fois à Naplouse le temps de se faire offrir une tasse de café et de perdre Amin (pour la première fois sur un nombre incalculable). Première photo mémorable également.



La dernière navette nous dépose enfin dans le camp, Tarek est là et nous attendait. Les premiers a priori tombent très vite : déjà il n'y a pas de tentes dans un camp de réfugié. En fait il n'y en a plus depuis 1959, deux ans après que ces apatrides aient fondé le camp ; maintenant tout est en dur, en parpaings bien frais importé de Jordanie, les routes principales sont toutes bétonnées, il y a du commerce de proximité. Mais on dort sur un matelas pas bien épais posé à même le sol, les murs ne sont pas finis : confort rudimentaire, refus de vouloir s'installer durablement pour la plupart des habitants. On est reçu par Abu Jamil et l'on commence à discuter de tout ce qui peut bien nous intéresser, de son boulot de coordinateur des scoots de Palestine à la situation politique de la région et du camp, de la vie quotidienne, de la Jeep qui a été brûlé la veille par les jeunes du camp et de la descente qu'il y aura probablement ce soir (et qui a eu lieu), et du programme des prochains jours. On se rend compte qu'on a la possibilité de rencontrer beaucoup de monde intéressant, du comité populaire au centre de l'UNRWA en passant par une ancienne résistance de 1967 et un haut résponsable de l'autorité palestinienne. Et on décide aussi de prendre des notes, des enregistrements, des photos, de faire ça bien quoi.
L'ambiance durant cette première discussion est particulière, pesante, inattendue. La petite fille d'Abu Jamil va et vient sur ses genoux, Tarek fait le voyage entre le salon et la cuisine pour nous préparer du thé et du café... et les soeurs restent toutes dans la cuisine. Nous ne les verrons jamais, sauf moi une fois, et encore je me suis fait rappelé à l'ordre par Valentina qui m'a gentillement signalé que nous ne devons pas entrer dans la cuisine. Pendant que nous parlons, Valentina a le regard grave, ne dit presque rien, s'efface. Elle a drôlement changé depuis qu'elle a foulé la poussière de Fara'a. Sa mine sombre elle la gardera jusqu'à ce que nous nous séparerons à Ramallah, une semaine plus tard.
Nous mangeons le plat de bienvenue qui se compose de morceaux de poulet et de riz, le tout avec du pain trempé et du humus, purée de pois chiches qui se moque visiblement du mur d'apartheid et qui s'invite dans les plats d'ici et là-bas. Globalement on aura très bien mangé durant les 5 jours au camp, qualitativement car les plats traditionnels sont vraiment délicieux de la salade verte composée, au dessert à base de fromage et de semoule (on est même allé dans l'atelier de fabrication avant de le manger), en passant par ces plats principaux recueillant tout le nécessaire : viandes, féculents et pain. En gros ça donne ça (ici lors du déjeûner avant d'interviewé l'ancien prisonnier et aujourd'hui employé municipal):



Bref c'est convivial, simple, sans manières et sans prétentions. D'ailleurs maintenant que j'y pense, on m'a parlé d'un petit restau palestinien sur Istanbul, j'irai y jeter un coup d'estomac prochainement... (avec toi Pedrito ?).
Passé ce déjeuner tardif, Abu Jamil nous emmène faire un tour dans le camp, et nous découvrons l'organisation principale de celui-ci : deux artères principales se croisant au milieu du camp, les maisons montent jusque haut à flanc de coline. Nombre de bâtiments sont financés par différents gouvernement européens, et contribuent à développer une vie associative, des infrastructures pour les jeunes (écoles, jardins, centres de loisir), tandis que l'UNRWA implante quant à elle les infrastrutures de base pour la sanitation (c'est français ça ?), l'éducation, l'alimentation parfois, la santé surtout.

Le maintien de la présence de l'UN à un but politique. Alors que celle-ci cherche à se désengager au plus vite lorsque les infrastructures peuvent être dirigées par les locaux, ces derniers cherchent à garder une antenne dans le camp : l'UN a dirigé le plan de partition de la Palestine en 1948 entre Palestiniens et Israéliens (ces derniers ne l'ont pas respecté dans certaines régions, tel Nazareth), et tient donc une responsabilité quant à la situation présente des habitants de Fara'a. Aussi longtemps que les Palestiniens constitueront une population d'exilés, l'UN doit se maintenir et leur fournir ce que logistiquement ou financièrement ils ne peuvent pas obtenir (comme ces investissement initiaux lourds).
Le leader de l'antenne de l'UNRWA à Fara'a nous a livré quelques informations supplémentaires sur les conditions présentes du camp : la pauvreté et le chômage on substanciellement augmenté ces derniers mois, notamment depuis qu'il est impossible pour le Palestinien lambda d'aller travailler quotidiennement en Israel. Seuls ceux qui ont réussi à négocier un permis de passer avant la construction du mur continuent à commuter quotidiennement. Pour tous les autres dont le permis a pris du retard ou ne fut tout simplement pas accordé, le chômage les a frappé de pein fouet. A Fara'a un programme basé sur la flexibilité de l'employabilité de la main d'oeuvre a permi de créer 78 emplois temporaires (enfin, très temporaire puisque les salariés changent de metier en moyenne tous les 3 mois). Le nombre croissant de check-points à l'intérieur même de la Cisjordanie affecte le travail de l'UN au niveau logistique, et l'armée Israélienne (l'Israelian Defense Forces) ne les traite pas en amis : l'UNRWA est considérée comme dissident palestinien en Cisjordanie. En outre ce sont les Nation-Unies qui
louent le terrain au propriétaires palestiniens pour pouvoir loger les réfugiés (le bail dure 99ans) et le ditribue au familles selon leur taille. Au total, l'UNRWA finance 19 camps de réfugiés en Cisjordanie, et d'autres en Jordanie, à Gaza, en Syrie et au Liban.


Tableau d'organisation de l'aide de l'UNRWA apportée au camp de Fara'a


Carte générale de la situation communautaire en Cisjordanie

Une journée typique à Fara'a, c'est levé à 9h, p'tit dèj atomique à base d'humus (voir photo ci-dessous), puis visite du matin, ensuite déjeûner à la maison, ensuite visite de l'après-midi, et enfin déambulage et bullage sur le chantier du prochain centre pour scoots où Abu Jamil rencontre tous ses amis en buvant du thé jusqu'à 20h environ. Retour à la maison, diner de rois, puis on s'écrase sur les matelas, on décompresse. Au bout de trois jours, on commence à comprendre pourquoi Valentina nous proposait d'aller à Ramallad pour décompresser et se changer les idées autour d'un demi de bière. L'atmosphère est lourde, à la fois parce qu'on ne cesse de penser à ce que ce peuple vit au quotidien depuis 60 ans, et à la fois parce que les personnes que l'on rencontre s'efforce de nous faire comprendre leur point de vue et de nous sensibiliser à leur cause, ce qui implique la plupart du temps une mine grave, des yeux noirs, et un langage plus corporel et spirituel que parlé. Hommes et femmes fouillent davantage dans leur passé lorsqu'ils nous accueillent, bien qu'il pensent chaque jour à revenir sur leur terre originelle. En somme je me bats avec mon frère pour avoir le lecteur mp3, et m'évader en Europe le temps d'un délire à la Goran Bregovic ou d'une chanson des Gladiators. Je n'ai dailleurs jamais autant lu que durant ces 3 semaines de trip : 2 bouquins, 500 pages. Un exploit nécessaire dirons nous.

Sur 8500 réfugiés, le camp de Fara'a compte environ 60 diplômés de niveau grade Master, ce qui est plutôt significatif. La plupart sont en outre parti dans les pays voisins ou bien dans les pays soviétiques alors que le monde était encore bipolaire. De cela découle une motivation et un esprit d'entreprise particulièrement vif à Fara'a.
Bref nous avons rendu visite à de nombreuse personnalités du camp durant ces 5 jours, avec entre autres un employé de l'ancienne prison et désormais centre culturel et de jeunesse, la présidente du centre social pour femmes de Fara'a et ancienne résistante, un témoin (et aujourd'hui grand-père) de "La Grande Catastrophe" de 1948, le président du commité populaire du camp, le camp de scoots du village... autant de rencontres que de témoignages poignant et ô combien enrichissant. Je garde leur témoignage bien au chaud, je ne sais pas encore si je les publierai sur cette page.

Le dernier jour, nous sommes allés à Jénine en bus pour la journée. Départ assez tôt le matin, on saute dans un autre Transporter TDI, et après avoir failli mourir 150 fois (soit trois fois par virage), on arrive en transpiration au bord du camp de Jénine. Un membre du commité populaire, prévenu par Abu Jamil de notre arrivée, est dépêché à notre rencontre et nous mène au centre du camp.
A Jénine, la population est traumatisée par les attaques sanglantes de 2002, qui ont détruit 55% des infrastructures et habitations et tué 68 personnes. Le Freedom Theater, qui propose une alternative artistique à l'engouement des jeunes pour les armes, et à leur fascination pour leurs aînés morts en martyrs et glorifié par un placardage massif de posters à leur effigie, fut détruit totalement par l'IDF qui pensait y trouver du matériel militaire et des armes. Reconstruit par un jeune réalisateur juif, Juliano, auteur de "Les enfants de Darna", le théâtre est aujourd'hui très actif et arbore fièrement ses résultats encourageant à travers un DVD de présentation, qui, il faut bien le reconnaître, laisse les larmes aux yeux. Les jeunes filles de 15 ans évoquent leur condition de sexe faible qui les enferme et les rabaisse, les jeunes hommes parlent de leur grand frère martyr et de leur avenir obscur, de leur vie qui obtiendra finalement un sens lorsqu'il tomberont sous les balle de l'IDF.
Inutile de parlé du film de Juliano, je n'ai pas encore osé le déballé; d'ailleurs ce sera peut-être ce soir.
A Jénine, on ne doute plus, on prend conscience et on se met à la place de la population, hommes et femmes survivant avec 800NIS/mois (160€) en moyenne, et jettant leurs dernières forces dans la résistance culturelle. Bien que démilitarisée à grand renforts de check-points et d'opérations ciblées, ouvrant régulièrement des plaies non-cicatrisées, Jénine reste sans aucun doutes la ville résistante par définition. Ils tinrent 2 semaines face à l'IDF, ce qu'aucun Palestinien n'ignore.


Prochainement : Naplouse, poudrière maquillée, et Hebron, coeur juif, corps arabe. Bise à tous.