Pour ce genre de narration du type récit de voyage, je tiens à signaler au regard de tous que Baptiste Kotras est mon mentor (rien que ça). J'ai repris son rythme, sa structure... Ou du moins je m'en suis rendu compte après relecture. Il me semble que c'est bien adapté aux longs récits. L'encart thématique est entre autre une idée qui lui est originale.
Que Jah puisse me donner son endurance, car ça, c'est pas gagné. Pour cela, je demande à Jacob Miller et à Dillinger de m'inspirer durant la rédaction.
Par ailleurs, je suis en train de sortir de mes déboires appartementesques petit à petit, et nous retappons l'appart du sol au murs pour le rendre plus vivable, ce qui bien entendu prend pas mal de temps. J'attache beaucoup d'importance à la rédaction de ce blog, mais je ne peux outrepasser les obligations de la collocation. Peinture, perceuse, mouvements en tout genre, je ne m'ennuie pas. Je fais de mon mieux pour continuer dès que possible...
Précédemment, les pieds nikelés se sont rendus en Jordanie par avion et on profité de l'accueil d'Imman pour pouvoir visiter les principaux sites touristiques que sont Jérash, haut lieu d'histoire romaine, et Pétra, site d'une beauté indéniable et inscrit au Patrimoine mondiale de l'UNESCO. Après s'être frotté à la suspicion de l'Etat israélien envers leurs origines, ils ont profondément inspiré cet air nouveau synonyme d'aventure.
Premiers contacts avec la monnaie israélienne qu'est le shekel en tentant d'acheter un café bien mérité, et premiers contacts avec l'hébreux. Les cars les plus gros partent pour Jéricho qui est la ville palestinienne la plus proche, car oui, nous sommes en Cisjordanie et non pas en territoire Israélien, sauf pour cette zone de contrôles.
On saute dans la navette jaune qui ne démarre pas tout de suite : il faut attendre qu'elle soit pleine avant de décoller pour la destination (ce qui est la règle partout dans le pays). Ce qui nous fait poireauter encore bien trente minutes, occupées à observer tous ces hommes de la trentaine avec des lunettes noires et des mitraillette de compétition. Même en dehors du poste de frontière des mecs nous posaient encore des questions quand à noter destination et au but de notre séjour.
Dans le bus Amin fait la connaissance d'un grec d'origine arabe marié avec une israélienne, et qui parle donc naturellement anglais, hébreux, grec et arabe. Pas mal le bagage. Il nous explique très sympatiquement que le Jourdain est assêché depuis un bout de temps maintenant, et que cela le rend plutôt triste de voir que personne ne s'en inquiète. Il nous lâche sont numéro de téléphone et insiste à ce qu'on l'appelle si n'importe quel événement déconvenant venait à perturber notre séjour, ce qui nous met dans la bonne humeur dans une grande confiance quant à l'accueil des Arabes et des Israéliens à Jérusalem.
On débarque à la Porte de Damas vers 15h30, et on se plonge dans la vieille ville, zigzagant entre les marchants d'épices, de viande, de poissons, de fringues en tout genre, des restos... on avance lentement dans une longue et étroite rue qui fait quasiment toute la vieille ville du nord au sud. On lâche nos bagages dans le dortoire du Hebron Hostel que connaît bien Valentina pour y séjourner à chacun de ses passages, et on se replonge dans le dédalle de la Ville Sainte qui nous intrigue tant.
La Vieille ville est bien différente de la nouvelle. La première est répartie entre Chrétiens, Musulmans, Juifs et Arméniens. Il n'y a pas de contrôle à l'intérieur, sauf à l'entrée des importants sites religieux (Dome of the Rock, Al-Aqsa camii, centres de formation judaïques...) et qui sont interdits aux personnes ne pratiquant pas cette religion.
La vieille ville est vraiment magnifique. Plurielle, historique, spirituelle, elle se trouve au carrefour de trois religions et fut l'objet de convoitises meurtrière, les Croisés baptisant au fil de l'épée, les Musulmans la reprenant dès que les Chrétiens ne pouvaient plus assurer leur unité.
Jérusalem est vraiment cette ville où le poids de l'histoire est écrasant, où chaque pierre témoigne d'un évènement singulier, où chaque bâtiment fut construit après controverses et tractations. La chrétienté trouve son crédo dans le St Sépulcre, lieu de repos éternel du Christ, ou la Via Dolorosa, chemin de la longue passion du Christ marqué de "12 stations" signalant les lieux de souffrance, de chute, d'épongeage de front... Le judaïsme préfèrera le Mur des lamentations, la sinagogue Hurva, détruite et reconstruite tant de fois, le Mont des Oliviers. Enfin les Musulmans fréquentent principalement le Dome of the Rock, lieu où le prophète Abraham a laissé l'empreinte de son pied lorsqu'il frappa le sol pour repartir vers le ciel, et ainsi négocier le nombre de prières qu'un fidèle aurait à exécuter pour prouver sa foi. Il faut savoir qu'au début ils étaient mal barré, puisque ce nombre atteingnait 50 prières par jour... Mais Abraham, fin négociateur, soulagea son peuple.
L'église Orthodoxe est également très présente, et nul ne peut l'ignorer. Autant dire que les carats ne se battent pas en duel dans leurs bâtisses ! Style très lourd type baroque que l'on retrouve à Rome d'ailleurs, et qui tâche de caser un max de crucifix au centimètre carré.
The Dome of the Rock vu du Saint-Sépulcre
On a flairé le bon plan lorsqu'on nous a proposé une visite gratuite de la ville, et après s'être gauffré une photo de groupe mémorable, nous avons cavalé dans les petites ruelles durant près de 3h30. On a lâché un bon tip au guide qui connaissait bien son sujet, et qui avait suffisamment de bagage pour répondre aux vieux papis juifs négationistes. Selon lui, les Juifs n'avaient jamais massacré personne parce qu'il n'étaient pas Juifs : il a stoppé notre héros d'un jour par un sournoi et nasillard "that is not true", et le premier, Juif par ailleurs, a dû lui recommander de quitter le groupe s'il ne souhaitait pas en entendre davantage. Bref, rigolo.
Encore plus rigolo le jeune canadien qui s'est payé lui même sont voyage en Israël et qui déjêune avec nous à 14h autour d'une assiette de humus (purée de pois chiche : délicieux, mais attention la digestion d'enfer). Atablé avec Amin et mon frère, il nous glisse entre deux bouchées : "you know what guys ? Arabs are fucked !" (vous savez quoi les mecs ? Les Arabes c'est tous des baisés !). Je lui demande de répéter, au cas où, mais non, j'ai pas rêvé. J'explose de rire, je me retourne vers Amin qui ne dit rien et le regarde droit dans les yeux en continuant de bouffer (alors que mon frère lui s'est arrêté, il faut le faire). Je l'incite à continuer sur sa lancée, à nous détailler un peu plus longuement son point de vue qui était le sien. "Ah oui, et comment ça ? T'en a vu beaucoup pour pouvoir tirer un bilan aussi négatif ?". Il s'est avéré que le pauvre a eu l'idée de se rendre en Cisjordanie, ce qui en soi est une initiative louable pour un jeune juif de son âge, et s'est fait pouillé trente mètres après avoir passé le check-point. Vraiment pas malin le garçon. Suite du repas dans le silence, et une fois dehors, je ne peux pas m'empêcher de demander à Amin pourquoi est-ce qu'il n'a rien lâché à ce moment-là : "parler à un con rend con". Bon ok les mecs, va falloir penser à dialoguer aussi un de ces quatre.
Cette visite guidée fut donc aussi un bon contact avec l'extrêmisme, de parole du moins.
Encore plus rigolo le jeune canadien qui s'est payé lui même sont voyage en Israël et qui déjêune avec nous à 14h autour d'une assiette de humus (purée de pois chiche : délicieux, mais attention la digestion d'enfer). Atablé avec Amin et mon frère, il nous glisse entre deux bouchées : "you know what guys ? Arabs are fucked !" (vous savez quoi les mecs ? Les Arabes c'est tous des baisés !). Je lui demande de répéter, au cas où, mais non, j'ai pas rêvé. J'explose de rire, je me retourne vers Amin qui ne dit rien et le regarde droit dans les yeux en continuant de bouffer (alors que mon frère lui s'est arrêté, il faut le faire). Je l'incite à continuer sur sa lancée, à nous détailler un peu plus longuement son point de vue qui était le sien. "Ah oui, et comment ça ? T'en a vu beaucoup pour pouvoir tirer un bilan aussi négatif ?". Il s'est avéré que le pauvre a eu l'idée de se rendre en Cisjordanie, ce qui en soi est une initiative louable pour un jeune juif de son âge, et s'est fait pouillé trente mètres après avoir passé le check-point. Vraiment pas malin le garçon. Suite du repas dans le silence, et une fois dehors, je ne peux pas m'empêcher de demander à Amin pourquoi est-ce qu'il n'a rien lâché à ce moment-là : "parler à un con rend con". Bon ok les mecs, va falloir penser à dialoguer aussi un de ces quatre.
Cette visite guidée fut donc aussi un bon contact avec l'extrêmisme, de parole du moins.
Côté vie nocturne, impossible de "sortir" à l'intérieur de la Vieille ville. D'ailleurs, après 19h, il n'y a plus que des militaires en patrouille qui contrôlent les passants portant une capuche (information vérifiée par votre loyal blogueur, j'allais quand même pas écrire ça sans en être certain). La nuit y'a dégain; nous allons donc dans la nouvelle ville pour prendre une bière la nuit tombée, virées dont une fut marquée par la rencontre et une discussion mémorable avec deux jeunes israéliens, partiellement alcoolisés, qui venaient de finir leur service militaire et qui profitaient de la bonne température pour crier leur joie au grand air. Alors qu'Amin s'engage dans une argumentation mouvementée sur la réalité de l'incursion israélienne à Jénine en 2002 et que son interlocuteur semblait dénier, je parle avec mon frère et le second laron de la situation de leur pays.
Ce qui frappe au premier abord, c'est l'envie de ne pas se frotter à la réalité de la situation. Visiblement le service militaire laisse des séquelles, et sert massivement de stage politique intensif (pour éviter le terme de propagande trop partial) pour que l'opinion soit à peu près uniforme. La situation actuelle de la Palestine découle principalement, à les entendre, des querelles politiques internes notamment entre le Hamas et le Fatah. Avec le recul et les rencontres en Palestine que nous auront eu peu après, il est étonnant de voir qu'ils n'envisagent pas un débat sur la création de l'Etat d'Israël en soit, c'est-à-dire sur les frontière de 1948. Quoi de plus normal, me direz vous, lorsque l'on naît et vit dans cet Etat depuis plus de 25 ans. Mais tout de même, il y a un gros décalage ; ou bien se sont les Palestiniens que j'ai rencontré qui sont irréalistes. Yossef, le moins entamé des deux, me force à prendre son numéro de téléphone et à l'utiliser si besoin est. Des deux côtés du mur, il y a de l'attention portée à ceux qui veulent voir la situation de plus près, y'a pas à dire. Ça fait zizou.
Nous quittons la Ville sainte direction la Palestine, le contexte historique dans les yeux, le devenir de la Terre sainte devant nous.