samedi 28 février 2009

Au-delà de la géopolitique médiatique : le Proche-Orient version 'Do It Yourself'

Partie 2 - Jérusalem

Pour ce genre de narration du type récit de voyage, je tiens à signaler au regard de tous que Baptiste Kotras est mon mentor (rien que ça). J'ai repris son rythme, sa structure... Ou du moins je m'en suis rendu compte après relecture.
Il me semble que c'est bien adapté aux longs récits. L'encart thématique est entre autre une idée qui lui est originale.
Que Jah puisse me donner son endurance, car ça, c'est pas gagné. Pour cela, je demande à Jacob Miller et à Dillinger de m'inspirer durant la rédaction.

Par ailleurs, je suis en train de sortir de mes déboires appartementesques petit à petit, et nous retappons l'appart du sol au murs pour le rendre plus vivable, ce qui bien entendu prend pas mal de temps. J'attache beaucoup d'importance à la rédaction de ce blog, mais je ne peux outrepasser les obligations de la collocation. Peinture, perceuse, mouvements en tout genre, je ne m'ennuie pas. Je fais de mon mieux pour continuer dès que possible...

Précédemment, les pieds nikelés se sont rendus en Jordanie par avion et on profité de l'accueil d'Imman pour pouvoir visiter les principaux sites touristiques que sont Jérash, haut lieu d'histoire romaine, et Pétra, site d'une beauté indéniable et inscrit au Patrimoine mondiale de l'UNESCO. Après s'être frotté à la suspicion de l'Etat israélien envers leurs origines, ils ont profondément inspiré cet air nouveau synonyme d'aventure.

Premiers contacts avec la monnaie israélienne qu'est le shekel en tentant d'acheter un café bien mérité, et premiers contacts avec l'hébreux. Les cars les plus gros partent pour Jéricho qui est la ville palestinienne la plus proche, car oui, nous sommes en Cisjordanie et non pas en territoire Israélien, sauf pour cette zone de contrôles.
On saute dans la navette jaune qui ne démarre pas tout de suite : il faut attendre qu'elle soit pleine avant de décoller pour la destination (ce qui est la règle partout dans le pays). Ce qui nous fait poireauter encore bien trente minutes, occupées à observer tous ces hommes de la trentaine avec des lunettes noires et des mitraillette de compétition. Même en dehors du poste de frontière des mecs nous posaient encore des questions quand à noter destination et au but de notre séjour.
Dans le bus Amin fait la connaissance d'un grec d'origine arabe marié avec une israélienne, et qui parle donc naturellement anglais, hébreux, grec et arabe. Pas mal le bagage. Il nous explique très sympatiquement que le Jourdain est assêché depuis un bout de temps maintenant, et que cela le rend plutôt triste de voir que personne ne s'en inquiète. Il nous lâche sont numéro de téléphone et insiste à ce qu'on l'appelle si n'importe quel événement déconvenant venait à perturber notre séjour, ce qui nous met dans la bonne humeur dans une grande confiance quant à l'accueil des Arabes et des Israéliens à Jérusalem.

On débarque à la Porte de Damas vers 15h30, et on se plonge dans la vieille ville, zigzagant entre les marchants d'épices, de viande, de poissons, de fringues en tout genre, des restos... on avance lentement dans une longue et étroite rue qui fait quasiment toute la vieille ville du nord au sud. On lâche nos bagages dans le dortoire du Hebron Hostel que connaît bien Valentina pour y séjourner à chacun de ses passages, et on se replonge dans le dédalle de la Ville Sainte qui nous intrigue tant.
La Vieille ville est bien différente de la nouvelle. La première est répartie entre Chrétiens, Musulmans, Juifs et Arméniens. Il n'y a pas de contrôle à l'intérieur, sauf à l'entrée des importants sites religieux (Dome of the Rock, Al-Aqsa camii, centres de formation judaïques...) et qui sont interdits aux personnes ne pratiquant pas cette religion.



La vieille ville est vraiment magnifique. Plurielle, historique, spirituelle, elle se trouve au carrefour de trois religions et fut l'objet de convoitises meurtrière, les Croisés baptisant au fil de l'épée, les Musulmans la reprenant dès que les Chrétiens ne pouvaient plus assurer leur unité.
Jérusalem est vraiment cette ville où le poids de l'histoire est écrasant, où chaque pierre témoigne d'un évènement singulier, où chaque bâtiment fut construit après controverses et tractations. La chrétienté trouve son crédo dans le St Sépulcre, lieu de repos éternel du Christ, ou la Via Dolorosa, chemin de la longue passion du Christ marqué de "12 stations" signalant les lieux de souffrance, de chute, d'épongeage de front... Le judaïsme préfèrera le Mur des lamentations, la sinagogue Hurva, détruite et reconstruite tant de fois, le Mont des Oliviers. Enfin les Musulmans fréquentent principalement le Dome of the Rock, lieu où le prophète Abraham a laissé l'empreinte de son pied lorsqu'il frappa le sol pour repartir vers le ciel, et ainsi négocier le nombre de prières qu'un fidèle aurait à exécuter pour prouver sa foi. Il faut savoir qu'au début ils étaient mal barré, puisque ce nombre atteingnait 50 prières par jour... Mais Abraham, fin négociateur, soulagea son peuple.
L'église Orthodoxe est également très présente, et nul ne peut l'ignorer. Autant dire que les carats ne se battent pas en duel dans leurs bâtisses ! Style très lourd type baroque que l'on retrouve à Rome d'ailleurs, et qui tâche de caser un max de crucifix au centimètre carré.



The Dome of the Rock vu du Saint-Sépulcre

On a flairé le bon plan lorsqu'on nous a proposé une visite gratuite de la ville, et après s'être gauffré une photo de groupe mémorable, nous avons cavalé dans les petites ruelles durant près de 3h30. On a lâché un bon tip au guide qui connaissait bien son sujet, et qui avait suffisamment de bagage pour répondre aux vieux papis juifs négationistes. Selon lui, les Juifs n'avaient jamais massacré personne parce qu'il n'étaient pas Juifs : il a stoppé notre héros d'un jour par un sournoi et nasillard "that is not true", et le premier, Juif par ailleurs, a dû lui recommander de quitter le groupe s'il ne souhaitait pas en entendre davantage. Bref, rigolo.
Encore plus rigolo le jeune canadien qui s'est payé lui même sont voyage en Israël et qui déjêune avec nous à 14h autour d'une assiette de humus (purée de pois chiche : délicieux, mais attention la digestion d'enfer). Atablé avec Amin et mon frère, il nous glisse entre deux bouchées : "you know what guys ? Arabs are fucked !" (vous savez quoi les mecs ? Les Arabes c'est tous des baisés !). Je lui demande de répéter, au cas où, mais non, j'ai pas rêvé. J'explose de rire, je me retourne vers Amin qui ne dit rien et le regarde droit dans les yeux en continuant de bouffer (alors que mon frère lui s'est arrêté, il faut le faire). Je l'incite à continuer sur sa lancée, à nous détailler un peu plus longuement son point de vue qui était le sien. "Ah oui, et comment ça ? T'en a vu beaucoup pour pouvoir tirer un bilan aussi négatif ?". Il s'est avéré que le pauvre a eu l'idée de se rendre en Cisjordanie, ce qui en soi est une initiative louable pour un jeune juif de son âge, et s'est fait pouillé trente mètres après avoir passé le check-point. Vraiment pas malin le garçon. Suite du repas dans le silence, et une fois dehors, je ne peux pas m'empêcher de demander à Amin pourquoi est-ce qu'il n'a rien lâché à ce moment-là : "parler à un con rend con". Bon ok les mecs, va falloir penser à dialoguer aussi un de ces quatre.
Cette visite guidée fut donc aussi un bon contact avec l'extrêmisme, de parole du moins.


"That is not true !"


Côté vie nocturne, impossible de "sortir" à l'intérieur de la Vieille ville. D'ailleurs, après 19h, il n'y a plus que des militaires en patrouille qui contrôlent les passants portant une capuche (information vérifiée par votre loyal blogueur, j'allais quand même pas écrire ça sans en être certain). La nuit y'a dégain; nous allons donc dans la nouvelle ville pour prendre une bière la nuit tombée, virées dont une fut marquée par la rencontre et une discussion mémorable avec deux jeunes israéliens, partiellement alcoolisés, qui venaient de finir leur service militaire et qui profitaient de la bonne température pour crier leur joie au grand air. Alors qu'Amin s'engage dans une argumentation mouvementée sur la réalité de l'incursion israélienne à Jénine en 2002 et que son interlocuteur semblait dénier, je parle avec mon frère et le second laron de la situation de leur pays.
Ce qui frappe au premier abord, c'est l'envie de ne pas se frotter à la réalité de la situation. Visiblement le service militaire laisse des séquelles, et sert massivement de stage politique intensif (pour éviter le terme de propagande trop partial) pour que l'opinion soit à peu près uniforme. La situation actuelle de la Palestine découle principalement, à les entendre, des querelles politiques internes notamment entre le Hamas et le Fatah. Avec le recul et les rencontres en Palestine que nous auront eu peu après, il est étonnant de voir qu'ils n'envisagent pas un débat sur la création de l'Etat d'Israël en soit, c'est-à-dire sur les frontière de 1948. Quoi de plus normal, me direz vous, lorsque l'on naît et vit dans cet Etat depuis plus de 25 ans. Mais tout de même, il y a un gros décalage ; ou bien se sont les Palestiniens que j'ai rencontré qui sont irréalistes. Yossef, le moins entamé des deux, me force à prendre son numéro de téléphone et à l'utiliser si besoin est. Des deux côtés du mur, il y a de l'attention portée à ceux qui veulent voir la situation de plus près, y'a pas à dire. Ça fait zizou.

Nous quittons la Ville sainte direction la Palestine, le contexte historique dans les yeux, le devenir de la Terre sainte devant nous.

samedi 21 février 2009

Météo du moment.

Cette semaine :


La semaine à venir :


Niiiice. L'hiver est arrivé sur Istanbul, plus de doutes.

samedi 14 février 2009

Au-delà de la géopolitique médiatique : le Proche-Orient version 'Do It Yourself'

Partie 1 - présentations et tourisme jordanien

Tout d'abord l'idée
. Comment est-ce que j'en suis venu à m'aventurer sur une terre inconnue, mais surtout redoutée. Par les Occidents qui ont des remords datant de la colonisation et qui s'en remettent à l'ONU, par les personnalités politiques qui risquent leur crédibilité sur la scène internationale et à l'intérieur dès qu'il s'expriment sur le sujet, et enfin par mes parents et mes potos qui n'avaient eu vent que des derniers bombardements sur Gaza et des témoignages accablants.
Tout ça, c'est la faute à Valentina.

Valentina elle en a vu des crasses dans sa vie. Serbe d'origine, sa famille a émigré en France pendant la guerre et s'est installé en région parisienne. Elle est française, étudiante en école de commerce grâce à une bourse, et à un avenir certain dans le monde de la finance (héhé). Elle eut l'occasion de partir la première fois en Palestine il y a 3 ans, durant l'été, avec une association qui s'appelle 'Génération Palestine'. A 18 ans, se lancer dans un projet pareil, je peux vous dire qu'il faut avoir la motivation et les guts. Au menu de son excursion initial, découverte de la situation locale et de la vie de tous les jours pour les Palestiniens de Cisjordanie. Oui mais voilà elle est tombée amoureuse de Tarek, un jeune homme fringant et plein d'allure vivant à Fara'a, un camp de réfugié entre Jénine et Nablus. Son Père, Abu Jamil (il s'appelle Mohammad, mais le père change de nom à la naissance de son premier fils, Abu Jamil signifiant 'père de Jamil'), est dirigeant des scoots de Cisjordanie, une organisation qui a pas mal d'influence dans la mesure où ils permettent à plus de 60 000 jeunes Palestiniens d'acquérir une sensibilité particulière à la problématique régionale, et d'oeuvrer pour les collectivité de manière bénévole. Au-delà de l'ambiance 'couteau-suisse' et 'feu de bois', c'est vraiment une alténative civile au service militaire, qui est de toute manière interdite dans les territoires palestiniens. A noter que les Israéliens, eux, ont un service militaire de 3 ans pour les hommes, 2 ans pour les femmes, obligatoire sous peine d'emprisonnement. Mais nous aurons l'occasion d'y revenir...

Et donc elle est amoureuse Valentina. Amoureuse d'un Palestinien qu'elle retournera voir deux fois par an jusqu'à maintenant. Elle vient à m'en parler au cours d'une discussion de voyages et de projets pharaoniques, et sur le trajet de la navette de mon université, qui dure à peu près 20mn, j'ai dis oui direct. Depuis ce jour de novembre, on s'est attelé à chercher des comparses pour nous accompagner, du moins à rencontrer des gens intéressés par ce genre d'expérience.

Amin, second comparse, est Allemand d'origine Egyptienne, étudiant en Relations internationales, et d'un talent certain pour la photographie (il est l'heureux lauréat d'un concours 'Istanbul vu par les Erasmus'). D'ailleurs n'hésitez pas à aller faire un tour sur son site. Amin est musulman, prie tout les jours, et parle couramment l'arabe, ce qui nous sera bien évidemment plus qu'utile par la suite nous déplacer. Enfin du moins dans les pays arabes.
J'me suis bien trippé avec Amin, et s'il ne boit pas une goutte d'alcool et n'inhâle point de fumée, il m'a aussi fait baisser drastiquement ma consommation de drogues en tout genre.
Et si ma dévotion sans faille à la judéo-chrétienté ne pouvait pas sortir du cercle vicieux, et si je m'étais "trompé" de religion ...? Peut-être que je vais bientôt m'attaquer au Coran... et vivre à Jérusalem, comme ça si j'ai des remords, je pourrais déménager en vitesse dans le quartier Chrétien, voire me convertir (ça doit pouvoir se faire) au Judaïsme. Yeah, je vais enfin vivre en paix avec les religions.

Trève de plaisanteries. Valentina nous avait briefé sur les déboires que nous aurions à affronter à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, mais bon les billets n'étaient pas trop chers; en accordant un prix aux emmerdes que nous aurions à subir, on s'en tirerait quand même. On se décide tous, ok c'est bon on part et on achète les billets d'avion. Bad beat une semaine plus tard, soit deux jours après le début des offensives à Gaza, la compagnie qui devait nous acheminer à annulé tout ses vols au départ et à destination d'Israel. Et désormais les billets pour Israel sont bien chers. La seule solution restante est donc d'attérir à Amman, en Jordanie, puis de passer la frontière à pied vers Israel afin de rejoindre la Palestine.

Tandis que mes deux compagnons écrasent le maximum de fatigue (méga teuf la veille pour le départ de certains d'entre nous que nous ne reverrons pas avant longtemps, Inch'Allah), je vois défiler en dessous de moi les paysages de Chypre tout d'abord, puis du Liban, de la Syrie, et enfin de la Jordanie. Plus on descend, plus la verdure se fait rare, plus le désert semble avoir de droits dans le paysage. Durant toute la descente jusqu'à l'aéroport d'Amman, je suis éberlué par ces horizons arides au possible, où les routes sont de simples pistes dans le sable.

Après un achat de Visa pour 12€ et 5 contrôles de passeport, on arrive à s'extraire du terminal. La prochaine navette nous dépose tout près de chez notre amie, Imman, qui nous héberge dans la capitale pour les quelques jours. Nous étions arrivé donc le 17, le 20 je devait retrouver mon frère à Jérusalem : les trois jours devant nous allaient être concentrés et très, très touristiques.
Imman est originaire de Somalie et est actuellement traductrice auprès de l'office de Nations-Unies pour les Réfugiés (appelé communément "unéroi", UNRWA), et dispose de pas mal de temps libre pour nous emenner à droite à gauche, dans les bars sympas et les restos pas trop chers. Avant tout, pendant que Valentina écrasait encore un peu plus, Amin m'a accompagné à la recherche d'une couverture pour la nuit, car la nuit il fait froid, contrairement aux températures affichées durant la journée : ça passe de 20°C à -5°C en 3h. Coup de bol inimaginable, on est en plein dans le quartier des vendeurs de couettes et autres couvertures moltonnées importées !!! Après une étude comparative poussée, on se rend compte tout d'abord que la Jordanie c'est cher ; si un repas peut ne coûter que 1€ (falafel je t'aime), en revanche tous les mobiliers sont hors de prix. On se résoud à acheter deux polaires de 2*2m, et à dormir avec tout ce qu'on peut trouver.
On ne fait pas long feu, la mèche ayant été vraiment raccourcie par les déplacement depuis 6h du mat. On se sert à trois dans une plumard, je prends mon coussin Turkish Airlines empreinté dans l'avion, me le carre sur la tronche, et bonne nuit tout le monde. Cette nuit-là, il a fait froid, en dépit de 4 couvertures, deux pantalons, deux T-shirt, deux pulls et une écharpe (cette dernière fait toute la différence, c'est évident : en la mettant sur le nez, elle évite celui-ci de geler).

Le lendemain, on attaque les visites avec la ville de Jerash, à une heure et demi de route au nord d'Amman. Dans la gare routières il n'y a que très peu de femmes, et Valentina est la seule à ne pas être voilée. Du coup tout le monde la regarde, les mecs se retournent en permanence, visages figés ou coups d'œil vislards, tout y est. Il faudra d'ailleurs s'y habituer durant tout le reste du trip.

J'en profite pour faire un encart sur ce que j'ai pu voir de la place de la femme dans la société arabe, les mêmes comportements aussi bien en Jordanie qu'en Palestine (sans aucune prétention). Les femmes ne sortent que rarement dans les lieux publics, notamment dans les villages (dans les grandes villes, les mœurs sont bien entendu confronté à l'influence occidentale). Elle est la maitresse du logis, entendez par là qu'elle se doit de gérer avec attention les affaires du foyer, veille à bien nourrir tout le monde, donne les ordres aux enfants pour l'aider etc... Si le mari est la partie sociale du couple en public, il n'a aucun pouvoir (ou du moins peu) sur les décisions à prendre dans le foyer et pour l'éducation des enfants.
Le mariage est bien entendu religieux, et ne peut pas être légiféré par le code civil. Il est possible, selon le Coran, de divorcer, mais c'est une décision lourde à prendre et qui doit être précédée de plusieurs rencontres avec un conseiller religieux. Le divorce met le blâme sur la femme, car celle-ci est perçue comme ayant failli à ses obligations familiales. A moins que le contrat de mariage ne le stipule, elle doit quitter le foyer sans aucun des meubles. Qui plus est, si la femme est à l'origine de la demande de divorce, celle-ci ne peut pas percevoir une importante somme d'argent (épargnée par le mari à son égard) et qu'elle aurait dû percevoir au bout d'un certain temps. Si le mari fait la demande de divorce, alors elle touche cette somme. En ce qui concerne les enfants, la loi dit qu'ils peuvent choisir avec qui ils désirent vivre s'ils ont plus de 16ans, autrement ils restent avec leur mère, sauf si celle-ci se remarie. Ils doivent alors rester avec le père. Généralement la femme divorcée ne se remarie pas, à moins qu'elle n'ait rencontré quelqu'un avant son divorce.
C'est marrant, parce que c'est quasiment l'inverse de ce que l'on peut trouver aujourd'hui dans la loi française par exemple. L'homme est "le chef de maison", traditionnellement, mais quand il en vient au divorce, la femme voit largement le Législateur agir en sa faveur. Bon après je ne sais pas de ce qu'il en est de la garde alternée en Jordanie... haha!

Bref on arrive à Jérash, qui est un site archéologique romain plutot bien conservé, avec hypodrome, théâtre nord et sud, et tout le tintouin (pardonne-moi grand-mère pour cette considération qui te fera sauter au plafond). Mais en saison basse, on s'est bien marré, y'avait pas trop de monde et pas trop de flicaille.

Un handicapé mental s'est improvisé en guide pour nous, et nous a montré tous les p'tites curiosités du site, de la colonne en marbre de 9 mètres de haut et qui bouge avec le vent, en passant par une simple mauvaise herbe s'avèrant être un motif largement apprécié 2312 ans auparavant vu le nombre de reproduction sur les mosaïques, etc... et un temple de Zeus qui a été découvert par un archéologue français, s'il vous plaît, et donc les bouts de pierres reposent dans une galerie souterraine financée par... le ministère français de la culture ! Ben voyons. Et en plus c'est Krikri qui l'a financé, il date de juillet 2007. Je veux dire, autant ne pas fâcher les Dieux, c'est pas comme les banlieues, on peut pas utiliser le flash-ball échapper à leur mécontentement.


Bref en sortant du site, on traverse un terrain vague pour aller à la station de bus, et acte hors du commun pour des touristes, nous escaladons un mur de 1m de haut. Du coup on attire l'attention, un mec nous aborde pour nous proposer de rentrer sur Amman pour peu cher à bord de son 4*4 Ford 1976. On se regarde dans les yeux, je fais rapidement le tour de l'engin pour s'assurer de la présence des éléments mécaniques fondamentaux, et on s'entasse à 4 sur la banquette arrière. Le chauffeur me propose une clope, ce qui ravit Valentina qui va pouvoir tirer discrétos dessus, puisqu'elle ne peut pas fumer en public.
Retour à Amman pour une nuit frisquée elle aussi, sauf que moi ben j'ai eu l'idée de me mettre au milieu cette fois-ci. Et bingo, bon choix, pendant que les deux autres tirent la couette de part et d'autre du plumard, ben au milieu on est chauffé par les fesses des deux autres, et la couette a beau bouger, on a pas froid ! héhéhé...

Le lendemain, levé à 8h pour aller sur le site de Pétra, bien au sud de la capitale, à 4h de route en bus. Le site fermant à 16h, en arrivant à 12h, il nous resterait 4h de visite sur site. Le plan est approuvé à l'unanimité, et on profite d'une bagnole louée par la voisine allemande d'Imman pour se rendre sur site à l'aller, on vera au retour (y'a pas de problème nous a-t-on assuré... tiens finalement la Bolivie et la Jordanie ont quelques points communs...). On a mis une plombe à sortir de la ville tellement qu'il n'y a pas de panneaux, mais on s'en est sorti.

Ce qui est oufissime, c'est que en dehors de la capitale, y'a rien. La banlieue extensive européenne ou américaine n'existe pas, il n'y a pas de maison de campagne, ni de paysan égaré. Dans cet environnement aride, tu t'amuses pas à avoir une bicoque accessible uniquement par quad ou entre 12h et 13h42 lorsque le soleil fond suffisamment la neige pour que les pneus accrochent... ici c'est le désert, et il fait chaud le jour, et froid la nuit.
On s'arrête dans un château en rénovation, vestige d'une civilisation qui aimait bien les batailles avec les canons et les chevaux : les Croisés. Le temps de prendre un max de photos, d'acheter un collier que je trouvais super sympa pour ma copine back home (elle ne l'a pas du tout aimé finalement, j'aurais du l'offrir à ma mère tiens...), et zou, on arrive à Pétra.
Le site était autrefois habité par les bédouins (information confirmée par ma grand-mère), qui ont aujourd'hui gentiment été relogé en dehors du site dans des habitations bien bétonnées, bien chauffées aussi, avec tout ce qu'il faut comme sanitaires. Ils sont les seuls à profiter économiquement de ce flot de touristes incessant, durant les quatre saisons de l'année, en proposant location de chevaux, de mules, vente de colliers et divers bijoux (pas moches du tout d'ailleurs), et bien sûr la balade en chameau. Non, je vous vois venir gros comme une maison, je ne l'ai pas fait... je voulais pas avoir l'air d'un débile comme ces gros anglais qui martyrisaient ces pauvres bêtes, et menaçaient de leur casser le dos. Et puis bon, comment avoir la classe comme ça :

C'est pas possible...
Bref, le site est formidable, et rassemble les vestiges de la civilisation des Nabathéen, grands commerçants de leur temps, et qui ont fait fortune grâce à la position stratégique de la ville. C'est l'empire romain qui, n'arrivant pas à mater les mercenaires engagés, à décider d'étouffer la ville économiquement en créant un autre centre et en détournant les principales voies de communication. From riches to scraches comme on pourrait dire, la ville est progressivement abandonnée et laisse derrière elle des millénaires d'histoire. Les bâtiments principaux sont des caveaux royaux, super bien conservés, dont le principal :



Après une longue initiation au site à travers une voie pavée de 1km, dont les parois de 30m de haut sur les côtés ont été façonné par l'eau, déboucher sur ce bâtiment ça en jette un max. Le site est en longueur et regroupe tout un tas de caves et de sculptures dans la roche, bien conservées pour la plupart. Bien qu'il ne me restât qu'une heure et demi avant le départ du bus, j'ai décidé de poussé jusqu'au monastère situé sur les hauteurs. C'est bien le cas de le dire... le Routard s'en vante d'avoir compter les marches pour y accéder, alors autant véhiculer l'info parce qu'il ont dû bien se faire ch... pendant les trois-quart d'heure qu'ils estiment nécessaire pour les gravir : 788 marches. Grand sportif que je suis ou bien enrobées que sont les auteurs du Routard, et déterminé à voir ce que ce même guide décrit comme incontournable, je presse le pas et parviens au sommet en 20mn (si si).
Franchement ça valait le coup. Un des plus beaux sites du monde, sans aucun doutes (avec l'Isla del Sol bien évidemment).



J'ai poussé jusqu'au "top of the world view", à 10mn à pied, histoire quand même de ne pas mourir con. J'avoue la vue était pas trop mal non plus. En fond, on pouvait apercevoir Israël, la destination du lendemain...



Le temps de foncer jusqu'à l'entrée du site (une heure en marchant bien vite), de rejoindre Valentina et Amin qui étaient en train de tester la photographie à dos de mule (cf photos sur ma page dédiée), on saute dans le bus pour Amman, et c'est reparti pour 4h...

Après une journée passée au vents du désert, on comprend très vite pourquoi les bédouins ont tous la figure couverte des cheuveux jusqu'au cou : le vent est sec et dessèche la peau et les cheuveux. Simon et JB reconnaitront là bien un trait de moi-même, j'aime pas avoir la peau desséchée... heureusement qu'Iman et Valentina avait le nécessaire pour réhydrater tout ça. Le soir, on se fait propre pour le lendemain, jour du passage de frontière pour Israël, et on révise notre texte pour ne pas avoir de blancs durant le showtime. Une partie de Monopoly avec des Dinars jordaniens m'a permis de ne pas perdre mes réflexes capitalistes et de remporter la partie malgré une triche organisée pour que je ne perçoive pas mes loyers : va-t-en vérifier que c'est bien ta rue quand c'est écrit en arabe ! Bien heureusement le capitalisme a eu raison de la culture.

Pour ce qui est du passage de frontière, je pourrais en avoir pour des heures à vous relater toutes les histoires sordides qu'on a pu me raconter, des moments d'attente interminables, de la pression psychologique etc... je vais donc me limiter à mon expérience, je pense que ça suffit largement. Il faut dire que Valentina sait de quoi elle parle quand elle évoque les passages de douane, donc j'ai eu tendance à la croire quand elle nous a dit qu'on allait morfler. On a tous bien stressé durant les 4jours précédant le passage... En outre, ça n'allait pas poser trop de problème pour moi qui ne suit jamais passer en Israël auparavant, dont le père s'appelle Michel et la mère Marie, et dont la gueule ne passe généralement pas trop mal avec les autorités (enfin tout est relatif...). Amin en revanche est arabe et a un visa iranien sur son passeport... on part pas avec les mêmes chances. Si Valentina est Yougoslave, autant dire que pour les Israéliens, elle a une tête d'arabe et c'est tout. Donc bon, on avait quand même de quoi se poser des questions quant à notre chance de pouvoir passer la frontière tous ensemble en une seule fois. Je me suis même bouger les fesses pour réserver trois lits dans une auberge de jeunesse à Tel Aviv pour justifier de notre destination, et payer 5,68€ d'ahres. Car tel était notre plan : on est des p'tits touristes bien beaufs qui veulent dépenser un max sur la côte israélienne, rien de plus. Gaza ? Ça a l'air moche, mais on s'en bat les steaks. La Cisjordanie ? Pas question d'y aller, y'a pas de nightclubs...

On se pointe tôt le matin, histoire d'arriver avant tout le lot de Coréens qui nous désespèrera, et on patiente avant l'ouverture du poste de contrôle. On se recoiffe, on remet du gel pour faire encore plus vrai, et on tire bien sur la clope pour faire tomber le stress. Ce qui donne un truc du genre :



Du genre gros vainqueur... faut c'qui faut. Du côté jordanien, on nous raque un max, mais on nous fait pas d'embrouilles. Vous voulez partir ? pas de problèmes ! payez 7€ de frais de sortie de territoire (telle est la dénomination, en même temps y'a moyen qu'on pourrisse les toilettes de la salle d'attente), 2€ pour faire 200m avec la seule compagnie autorisée (mais que fait l'AMF), et surtout passez par le Duty Free (on est obligé de passer à travers).
Bref ce côté-ci de la frontière est tranquille. Premier point de contrôle de l'autre côté du Jourdain, qui démarque les deux Etats bien qu'il soit complètement asséché, et premiers soldats M-16-ifiés de la tête aux pieds et gilets par balles made in USA. Premier sourire aussi de la part de la jeunette qui contrôle les passeports... la french class n'a pas de frontières, elle a tenue à me faire les formalités en français :)
Puis débarquement dans le terminal où l'on nous sépare de nos bagages, nous colle une étiquette au dos du passeport avec le degré de dangerosité du client, et direction le portique de sécurité. On nous fait même passer dans une soufflerie ultra-hitech qui détecte les résidus de poudres et autres substances explosives sur les vêtements. Si tu souris pas, on t'invite à patienter sur le côté. Bien sûr Amin n'y échappe pas, et un mec vient directement pour l'embarquer dans une pièce à part. IL ressort 10mn plus tard, la tête basse, ils lui ont posé tout un tas de questions à la con sur sa provenance et sa destination. On se présente tous les 3 au guichet, on joue les dingues de boite de nuit, on blablate, je tente de faire de l'oeil à la nénette, mais cette fois-ci le résultat n'est pas aussi spectaculaire. J'obtiens mon visa sur une feuille séparée (ce qui me permet par la suite de ne pas me faire refoulé en Syrie, au Liban et en Iran si j'ai envie d'y aller), tandis que mes camarades ont le droit à des questions poussées.
Ce pays dispose vraiment d'un système de renseignements vraiment puissant. Ils nous ont posé des questions cheulou et clairement orientées pour qu'on leur en dise plus sur nos origines, nos motivations, etc... Questionnement à trois, puis questionnement un par un, puis de nouveau ensemble, 3h30 d'attente, et nous avons enfin tous nos visas. C'est le grand soulagement, on récupère nos sacs, j'attrappe au vol un dernier sourire (décidément...), et on sort dans la chaleur israélienne, 25°C à l'ombre et cocotiers à l'horizon.

A nous Israël, direction Jérusalem.

A suivre, bien entendu :)


Qu'est-ce qui arrive après ? Ben faut attendre mon ami, faut attendre...

jeudi 12 février 2009

Chuck Norris knows more than the Fish

La Turquie est le seul pays au monde qui te permet de commander ton MacDO sur internet et de le recevoir trente minutes plus tard.
Il en va bien heureusement de meme pour le plateau TV, celui-la meme qui a bercé toute mon enfance chez mon père. L'idée avait grandi toute la journée avec mon pote Jan (qui habite avec moi en ce moment), et s'est concrétisée le soir devant l'ordi.
Alors au menu, une pizza offerte pour une achetée, une bouteille de soda offerte pour deux pizzas livrée, et un DVD pour 10€ de commande. Le compte est bon, on aura tout pour 10€ !! ahahaha !! On s'est maté Lost Highway de David Lynch, de quoi être bien absorbé pendant 2h.

Et nous avons fini la soirée par une grande citation, il me semble, un peu private joke, certes. Chuck Norris knows more than the Fish.

Avec un peu d'espoir mon prochain post sera dans les clous.

mercredi 11 février 2009

Il est de retour...

Et il commence à répondre au mails inquiets et curieux, lentement. Mais je me suis vite rendu compte qu'il fallait mieux rédiger un p'tit poste de derrière les fagots pour rassasier tout le monde.
Mais bon, le retour en Turquie signifie forcément retour du train train et des emmerdes habituelles.

A commencer par l'appart dans lequel je me trouve, un superbe appart d'un quartier chic d'Istanbul, mais qu'il va falloir quitter bien trop vite. Deux raisons à cela :
- je me suis bien ruiné durant mon trip, ayant largement dépassé mes prévisions budgétaires dans leur fourchette haute.
- la situation légale de l'occupation des lieux se dégrade chaque jours, et la perennité de mon loyer est fortement remise en question. Le principal locataire n'a pas prévenu de la sous-location, et il n'a pas payé le loyer les deux derniers mois. Pour ne citer que l'avis unanime de mes potes ici, "that's fucked up dude, move !". Aujourd'hui il n'y avait pas de flotte dans les robinets, j'espère que ça va pas trop durer...
Bref toujours est-il que j'entre à nouveau dans une phase active de recherche d'appart, moins cher et plus sûr, ce qui se traduit par bcp de temps sacrifié.

Ensuite je m'occupe de mes inscriptions à la fac, ce qui n'est pas super facile non plus. Plusieurs aller-retours seront nécessaires pour tenter de valider les matières que j'ai choisi : Histoire de la pensée économique (sur recommandation anniversaire de Mylène Gaulard), Fonds et projets européens, économie de l'environnement, économie de l'énergie, et Auditing. Ca promet si ca passe. Bref tout ça prend aussi du temps.

et puis enfin la transition entre tous les potos Erasmus, la plupart se barrant dans leur pays d'origine, n'ayant pas la chance d'avoir une année complète obligatoire à effectuer à l'étranger. Je me rend compte qu'on est quand même bien loti à cette auberge-ci. Donc soirées d'adieux, soirées d'intégration... tout ça aussi ça prend du temps.

Je vous passe les clotures de compte en banque, les cautions de l'année précédente et l'IEP qui me crie dessus pour que je lui envoie enfin mon contrat d'étude. Et mon Macintosh à démonter à nouveau.

une fois la tempête passée, je me mettrai enfin à la rédaction d'une lettre de retour retraçant les péripéties de ces trois dernières semaines en Jordanie, Israël et Palestine. Du gros en prévisions.

Bécos et à bientot :)

Piem

PS : à voir le nombre de pages que vous tous les potos ont pu écrire durant ce temps là, et à écouter les procrastinations intempestives de deux balourds qui dissertent sur la possession nécessaire de "la force" pour continuer leur blog, je me rend compte que j'ai pris un peu de retard dans ma vie 2.0. J'lâche pas l'affaire, vous z'en faites pô.